Deux files étaient en train de se former à quelques dizaines de mètres l’une de l’autre, dos à dos...
Deux files étaient en train de se former à quelques dizaines de mètres l’une de l’autre, dos à dos.
Devant l’entrée du jardin, celle des migrants et des SDF, compacte, uniforme, ordonnée, silencieuse serpentait sans qu’elle n’ait besoin de barrières ni de surveillance.
Devant l’entrée du couvent, celle du meeting transhumaniste, agitée, stylée, vapotante, connectée, s’impatientait, retenue par un agent de sécurité impassible qui n’avait pas encore reçu l’ordre d’ouvrir la grille.
Les files étaient sur le point de se rejoindre, comme les deux arcs d’un pont en construction. Mais elles s’ignoraient. Les migrants se foutaient bien du transhumanisme et la jeunesse transhumaniste était gênée. Elle faisait semblant de ne pas prendre conscience de la proximité des réfugiés, pour lesquels ils étaient censés construire un monde meilleur. Les bénévoles de l’association caritative qui distribuaient les vivres étaient eux plus à l’aise, rompus à la miséricorde depuis l’origine.
Victor Duval est innocent, extrait.