Louise Michel : un poème inédit

Publié le par Philippe Mangion

Aujourd’hui principalement consacrée à l’art contemporain, l’abbaye d’Auberive (1) était, au temps de la Commune, un centre pénitentiaire pour femmes. Louise Michel y fut détenue quelques mois avant sa déportation en Nouvelle Calédonie. La mémoire de son passage y est entretenue et l’on peut visiter certains vestiges de cette époque.
Dans les réserves du musée sont conservés des manuscrits de Louise Michel que j’ai eu le plaisir de consulter et photographier. Il s’agit de lettres à Théodore Mauté de Fleurville, inspecteur des écoles de Montmartre, avec lequel Louise est restée liée.
L’une d’elle, datant de 1885, contient un poème en l’honneur de la naissance du petit-fils de Théodore, fils de sa fille Marguerite (2). L’enfant s’appelait George Jean Perticari, né du mariage de Marguerite avec Démètre Perticari (3). Il mourra à 2 ans sans connaître le « chant du temps nouveau » annoncé par Louise dans le poème...
Je n’ai retrouvé la mention de ce poème dans aucun document. Merci de m’indiquer si vous en aviez connaissance. La photo du manuscrit est jointe à cet article, avec l’autorisation de l’abbaye de Auberive, que je remercie.

En voici la transcription :

À Monsieur de Fleurville
Pour le fils de ma chère Marguerite
1 avril 1885

Toi qui nais dans notre nuit sombre,
Pour l’heure où sur le nouveau seuil
L’aurore va dissiper l’ombre ;
Toi qui des désastres sans nombre
Ne connaîtras jamais le deuil ;

Enfant nous pouvons avec joie
Saluer ton jeune destin !
La race humaine se déploie ;
Devant vous, immense est la voie
Où va marcher le genre humain.

Ignorance, guerre et misère,
Tous ces fantômes disparus
Seront légende sur la terre
Et votre époque libre et fière
À nous ne ressemblera plus.

Pour vous des effluves puissants
Soufflent la puissance et l’amour
Et comme des harpes géantes
Les éléments dans les tourmentes
Grondent le chant du temps nouveau.

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Notes :

(1) L’abbaye d’Auberive est un lieu magnifique à visiter : https://abbaye-auberive.com/

(2) L’autre fille de Théodore Mauté, Mathilde, sœur aînée de Marguerite, fut un temps marié avec Verlaine, avant qu’il ne rencontre Rimbaud.

(3) D’après Michaël Pakenham dans la préface des mémoires de Mathilde Mauté, parues en 1992 aux éditions Champ Vallon : http://www.champ-vallon.com/ex-madame-paul-verlaine-memoir…/ .
Démètre Perticari était un pensionnaire de la famille Cros, auquel Charles Cros a dédié un poème : https://www.poesie-francaise.fr/…/poeme-croquis-d-hospitali…

 

Publié dans Louise Michel

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